Manifestation contre un projet de carrière à Carresse-Cassaber-15 mai 2021
Malgré la pluie, les citoyens ont répondu nombreux à l'appel du collectif "En Plaine Vue".
Du Haut-Béarn au littoral Atlantique, du Pays Basque au Pays du Béarn des gaves, environ 300 citoyens ont bravé le mauvais temps et les petits chemins boueux pour
se regrouper dans un premier temps et écouter les diverses informations avant de se diriger finalement vers les lieux du désastre.
Il s'agit en fait du massacre d'un lieu splendide constitué de magnifiques terrains agricoles. Beaucoup qui ne connaissaient pas cet endroit ont été surpris qu'il soit possible aujourd'hui
encore d'oser détruire de si belles et riches terres agricoles.
Lors de la visite, nous avons côtoyé des plantations de kiwis, de pommiers, etc...... Incroyable de voir un site industriel bousiller les plus belles terres du Béarn !
Au moment du rassemblement, après un préambule expliquant la constitution du collectif "En Plaine Vue", les nombreuses associations venues les soutenir ont pris la parole à leur tour pour dire leur solidarité, leur
complémentarité.
A noter en premier lieu l'Association SEPANSO64 et Salmo Tierra-Sava Tierra qui sont aux premières loges pour mener avec les habitants la bataille juridique
notamment. Bravo !!!
A ne pas négliger la dizaine d'autres associations et particuliers, qui viennent au micro soutenir également les citoyens un peu désarçonnés par un combat réellement inégal. David contre
Goliath a été évoqué sur la tribune et bien d'actualité ici.
Comme l'a précisément expliqué Michel Rodes avec sa verve habituelle, le carrier Daniel ne suffit pas à lui seul. Les services de l'Etat font aujourd'hui le jeu d'une entreprise
privée en se référant seulement à l'étude présentée par l'exploitant. Ils ne tiennent pas compte des deux études réalisées auparavant par les services de l'Etat plus impartiaux, qui
empêchaient l'installation de cette exploitation dévastatrice.
Toutes les prises de paroles allaient dans le même sens, dans le sens de la raison, en s'opposant à un projet aussi décalé, d'un autre temps.
Non pas un projet, mais plutôt une réelle catastrophe pour les 15 paysans qui vivent de cette terre, mais également pour la biodiversité, pour le maintien du gave dans son lit et
le vivant qu'il comporte.
Combien d'emplois réels créés par cette carrière/ combien détruits ? Question qui fusait ce jour !
SEPANSO64, SALMO TIERRA, APQV , ACCOB, DMA et bien d'autres encore ont dit leur opposition à cette gravière, dénoncé tous les effets négatifs.
Pour sa part, l'ACCOB a expliqué la raison de sa participation. Confrontés en Haut Béarn à
un problème semblable qui consistait à déforester 291 hectares de forêt classée pour mettre en lieu et place des carrières à ciel ouvert.
Ces exploitations industrielles auraient détruit les paysages, terrassé des milliers d'arbres multi centenaires, pollué via les fines déversées par centaines de tonnes les cours d'eau dont le
gave d'Ossau.
Comme beaucoup le savent désormais, c'est la dernière rivière de France qui est en bon état et qui favorise de ce fait la reproduction en masse du saumon Atlantique. Les 6 kilomètres du
cours d'eau qui traversent cette forêt comportent le plus grand nombre de frayères de tout le gave. Il en ressort que pour les années les plus favorables, plus de 70 % de la
reproduction du saumon s'effectue dans ce lieu unique en France.
Voila pourquoi, l'association ACCOB vient épauler les amis du "Béarn des Gaves".
Vous aurez compris que le fil conducteur est ce cours d'eau, nommé dans nos Pyrénées un Gave, Nives chez nos voisins...
Ci-dessous quelques photos prises sur le terrain ce 15 mai 2021
Communiqué ACCOB passé aux médias sur les lieux.
Haut-Béarn - Béarn des Gaves
=> Le fil conducteur : Le Gave
L’association ACCOB a vu le jour en septembre 2015, au moment où nous avons appris qu’un projet d’étude de carrières d’une superficie totale de 291 hectares avait été accepté par la municipalité d’Oloron un an auparavant en 2014.
La raison qui nous amène aujourd’hui à épauler nos amis du Béarn des Gaves est d’une logique très simple, la protection de l’eau, des rivières.
Le gave est en fait le fil conducteur qui nous pousse à consolider toutes les actions en la matière, depuis l’amont de ces rivières jusqu’au littoral. (En fait les Gaves mais aussi les Nives)
Il est à noter qu’en Haut-Béarn, à Oloron Ste Marie où 261 ha de forêt classée auraient pu être détruits, le gave d’Ossau en particulier, aurait été inéluctablement pollué par les fines* déversées immanquablement par des carrières à ciel ouvert.
Je ferai remarquer que les carrières (gravières) sont la seconde source de pollution, juste après les porcheries.
La forêt du Bager est riche de nombreux petits ruisseaux qui constituent le chevelu du gave d’Ossau. Ce sont ces derniers, mais aussi la fraicheur portée par les arbres, qui favorisent la reproduction massive du saumon Atlantique dans cette rivière, allant certaines années jusqu’à plus de 70 % de la reproduction en Nouvelle Aquitaine. (C.A. 1.5 M€ et 135 emplois pour la seule pêche sportive saumon)
Il est nécessaire de protéger cette forêt, de protéger le Gave d’Ossau et le gave d’Aspe ainsi que leurs chevelus respectifs.
… mais c’est tout le long de ces cours d’eau et du gave d’Oloron, de l’Adour, qu’il faut empêcher les dégradations successives dues particulièrement aux multiples gravières en activité.
Comment en accepter une nouvelle à Carresse-Cassaber dans un méandre sensible du gave alors que des études ont démontré les risques liés.
En fait, c’est tout le long des gaves jusqu’à l’océan qu’il faut empêcher les dégradations et pollutions de ces cours d’eau.
Sinon, à quoi bon lutter pour conserver la plus importante reproduction des poissons migrateurs en amont, si en aval il n’en n’est pas de même.
On parle du saumon qui est l’espèce emblématique du gave d’Oloron, mais plusieurs espèces migratrices sont en fait concernées : Saumon, Lamproies, anguilles, etc…
Protéger les gaves, les cours d’eau est aujourd’hui une priorité relevée par Adour Garonne, entre autre et aussi nombre de spécialistes.
Les attendus du « Plan d’adaptation au changement climatique 2018/2050 » du Comité de bassin Adour-Garonne » avec entre autres :
Une hausse de 2°C des températures,
Une baisse de 20 à 50% des débits des cours d’eau et nappes phréatiques
Une augmentation de la fréquence des évènements extrêmes, tempêtes, inondations, sécheresses…,
Source : Plan d'adaptation au changement climatique Adour-Garonne, 2018.
Pour ces raisons, l’Association pour la Conservation du Cadre de vie d’Oloron et du Bager (ACCOB) est, et sera solidaire des actions menées tout au long des rives des gaves allant du Haut-Béarn au Béarn des gaves et plus encore.
*fines : poussière de roche très fine et dense, ressemblant à du ciment. Obstrue le lit des cours d’eau et les stérilise entrainant toute source de vie (exemple au Bager avec Carrière Laborde, 2018)
ACCOB 14 mai 2021
Articles de la République des Pyrénées et Sud Ouest
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